Lapeyre: un nouveau camouflet pour le groupe Saint-Gobain
Le groupe Saint-Gobain, qui veut vendre sa filiale Lapeyre à un fonds d’investissement controversé, Mutares, avait refusé de transmettre aux représentants des salariés le détail des offres concurrentes. La justice vient de lui ordonner de le faire.
Le groupe Saint-Gobain, qui veut céder sa filiale Lapeyre à un fonds d’investissement controversé, l’allemand Mutares, va décidément de camouflet en déconvenue. Déjà, au cours des derniers jours, le cabinet d’expertise comptable Altinea a remis aux comités sociaux et économiques (CSE) des différentes entités de Lapeyre un rapport accablant confirmant que le projet de cession allait enrichir fortement le fonds d’investissement et risquait de conduire à un redressement judiciaire généralisé de Lapeyre.
Or le groupe Saint-Gobain avait dans le même temps refusé de révéler aux CSE le détail des autres offres qu’il avait reçues.
Même si elles ne semblaient pas toutes très rassurantes, les représentants du personnel voulaient pourtant qu’elles soient toutes mises sur la table. Dans le lot, il y a ainsi l’homme d’affaires Charles-Henri Rossignol, allié à Patrick Puy, qui s’est fait connaître dans le monde des affaires en promettant au groupe Vivarte « du sang, du labeur, de la sueur et des larmes », selon un récit des Échos. Il y a eu aussi le fonds d’investissement Verdoso, spécialiste lui aussi de ce type d’affaire, et pas franchement préoccupé par les considérations sociales, comme l’a illustré le rachat de la chaîne de restauration La Pataterie.
S’est également mise sur les rangs la société Cevital, le plus puissant conglomérat algérien, contrôlé par l’homme d’affaires Issad Rebrab, dont le nom a été cité dans l’affaire des Panama Papers. Et puis il y a eu une offre déposée par le Collectif Lapeyre regroupant 500 salariés de l’entreprise déterminés à prendre leurs affaires en main et à essayer de sauver leur entreprise. Longtemps, les salariés n’ont donc pas pu avoir connaissance des modalités respectives des différentes offres, car Saint-Gobain a joué la carte du secret. C’est désormais fini, car le tribunal de commerce de Bobigny a accédé à la demande des représentants du personnel et ordonné au groupe de transmettre aux CSE les offres complètes de Verdoso et Cevital.
Dans un communiqué commun, les syndicats CGT, CFE-CGC, CFTC, CFDT Commerce et FO Commerce s’en réjouissent et poussent leur avantage : « Les représentants du personnel du groupe Lapeyre demandent dorénavant que Verdoso et Cevital puissent, comme Mutares, présenter leurs offres aux différents CSE afin que ceux-ci se prononcent sur l’ensemble des offres retenues par Saint-Gobain en phase finale du processus. Cette demande est d’autant plus justifiée qu’un rapport d’expertise sur le projet de cession à Mutares a été établi en date du 22 mars dernier et qu’il conclut à “un risque de redressement judiciaire généralisé très élevé voire quasi certain avec le projet de Mutares”. Les salariés du groupe LAPEYRE veulent pouvoir rencontrer les autres prétendants. »
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