Qui a peur de l'inflation ?
L’inflation est souvent présentée comme un mal à combattre. Accusés d’en être la source, les politiques libérales ont prôné la modération des salaires. Ainsi, depuis 1982, ils ne sont plus indexés sur les prix. Résultat, les salaires ne suivent plus l’accroissement des prix. En fait, l’obsession pour la maîtrise de l’inflation a surtout favorisé les détenteurs de capitaux au détriment des classes populaires et moyennes. Les gains de productivité dans les entreprises ont d’abord alimenté les profits dont une part de plus en plus importante a été reversée, sous forme de dividendes aux actionnaires, au dépens des créations d’emplois et des investissements
Le coût de la maîtrise de l'inflation
La politique libérale de maîtrise de l’inflation a donc surtout profité aux plus riches. Leur patrimoine a largement prospéré avec notamment une hausse des prix de l’immobilier. Cette sur-accumulation des richesses s’est faite au détriment des investissements et a accentué les inégalités. Une majorité de salariés et de retraités ont vu leur pouvoir d’achat, au mieux stagner, au pire se détériorer.
Pourquoi pointer les salaires comme source d'inflation ?
Pour compenser, la course aux prix bas, affichés pour allécher les consommateurs, a favorisé le dumping social, a encouragé les délocalisations et a détruit l’emploi. Ce choix politique a entraîné une détérioration de la balance commerciale et a amplifié la dette publique. Une occasion pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail dans les entreprises. Un prétexte pour imposer l’austérité budgétaire dans les services publics et tailler dans les droits de la protection sociale (retraites, assurance maladie, chômage...).
Les hausses de salaire ne peuvent expliquer la reprise de l’inflation cette année. Mais les pointer comme une éventuelle source de l’inflation permet de ne pas remettre en cause la captation des richesses par les actionnaires et de préconiser des solutions d’évitement aux revalorisations ( prime d’activité, intéressement ou participation).
Et si la solution c'était l'inflation salariale ?
Pour répondre au pouvoir d’achat, la solution, c’est d’abord de permettre aux salariés de faire face aux hausses de prix et de mieux consommer, en revalorisant les salaires au-dessus des prix. Favoriser le pouvoir d’achat des ménages stimulerait la consommation et offrirait des débouchés aux entreprises. Par la même occasion, cela remplirait les caisses de l’Etat et réduirait les déficits publics. L’économie du pays ne pâtirait donc pas d’une inflation salariale modérée autour des 5%. Aussi, le «risque» de voir progresser l’inflation ne saurait être un argument valable pour refuser les augmentations des salaires et les prestations sociales !
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