Sprint final de la vente de Lapeyre à Mutares, les syndicats plus opposés que jamais.
L'audience au tribunal de commerce pour homologuer la cession de Lapeyre au fonds allemand Mutares sera le 10 mai, et la reprise finalisée dès fin mai, en cas d'homologation. Ce qui provoque un tollé chez les partenaires sociaux de Lapeyre.
Tout va se jouer en mai pour Lapeyre et ses 3400 salariés. Après avoir choisi en novembre le fonds allemand Mutares pour reprendre sa filiale de menuiserie en difficulté, Saint-Gobain espère voir homologuer le plan de reprise par le tribunal de commerce.
L'audience
est prévue le 10 mai, et la cession pourrait être finalisée dans
la foulée du rendu de la décision, dès fin mai. En cas de refus,
si le tribunal estime que le plan de reprise ne coche pas toutes les
cases pour assurer la pérennité du groupe de menuiserie, qui compte
dix usines en France et 126 magasins, Saint-Gobain examinera ses
options. Il reste libre de vendre à Mutares malgré tout, mais les
offres des deux autres candidats, le français Verdoso et l'algérien
Cevital, retrouveraient une nouvelle actualité.
Vente de l'immobilier
« L'homologation est une procédure facultative choisie pour donner de la sécurité à tout le monde, la cession à Mutares aurait pu se faire sans », assure Saint-Gobain. Mais la démarche suscite un tollé chez les syndicats, qui voient en Mutares le pire des repreneurs.
« Saint-Gobain cherche à réduire sa responsabilité future en cas de défaillance du groupe Lapeyre, cela montre à quel point lui-même ne croit pas au plan de redressement de Mutares !», dénonce Jérôme Brière, délégué CGT, qui s'insurge contre un fonds de retournement allemand qui « n'achète que des sociétés à prix négatif, dans lesquelles on lui laisse de la trésorerie ».
Lapeyre va être cédé au fonds allemand Mutares, nouveau clash sur la reprise
En jeu : les 357 millions d'euros devant financer le redressement de Lapeyre, dont 243 millions laissés en caisse par Saint-Gobain, 20 millions à investir par Mutares et 93 millions prévus de produit de cession de murs de magasins Lapeyre. « Lapeyre sera une boîte étanche, il n'y a aucun moyen pour Mutares de faire des profits sans rendre Lapeyre rentable, car il est mis en place une fiducie, une limitation contractuelle des frais refacturables par le repreneur, et une interdiction de dividendes avant quatre ans et l'atteinte de bénéfices », détaille Saint-Gobain.
Ce sera pour 2023-2024 selon le plan du fond allemand, qui supprimera 714 emplois, fermera, en 2022, 4 des 10 usines et 19 des 126 magasins. Les syndicats, eux, s'appuyant sur l'analyse des cabinets d'expertise mandatés par les comités sociaux et économiques (CSE), dénoncent un plan aux hypothèses irréalistes. « Il conduira selon les experts à un redressement judiciaire quasi certain dès 2023 », indique Jérôme Brière à la CGT, convaincu que « Mutares disparaîtra et le tribunal de commerce décidera en 2024 d'une vente à la découpe avec une casse sociale représentant pour la collectivité une facture de 200 millions ».
Lettre ouverte à Macron
Saint-Gobain tente de rassurer, faisant valoir qu'au contraire, « Lapeyre va mieux depuis 2020 et est en cash positif sur les deux derniers trimestres. Ses perspectives de redressement sont robustes », grâce à l'explosion des rénovations de logements depuis le confinement et au plan d'action entamé.
Les partenaires sociaux n'y croient pas et organisent la suite. L'audience d'homologation du 10 mai se fait sans la voix des CSE, car elle porte sur la cession du holding de tête, qui n'a pas de salariés. Les douze CSE du groupe ont donc décidé d'envoyer un courrier jeudi au président du tribunal de commerce et au procureur de la République leur demandant de refuser d'homologuer le plan de Mutares. Cela se doublera d'une lettre ouverte de l'intersyndicale au président de la République, pour que le ministère public fasse appel en cas d'homologation.
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