Fin de l'histoire pour l'usine Savoie Réfractaires de Vénissieux, près de Lyon. Ce site actif depuis 124 ans spécialisé dans la production d'éléments pour les fours verriers et haut fourneaux, qui emploie 66 personnes, devrait fermer ses portes en 2023. Son propriétaire, Saint-Gobain, juge que les pertes récurrentes ne lui permettent plus de maintenir l'activité.
La pilule passe d'autant moins bien que le groupe présent dans 75 pays a multiplié par 5 ses bénéfices en 2021 à 2,5 milliards d'euros.
"C'est une mort préméditée. Saint-Gobain profite du contexte actuel et des prix de l'énergie pour justifier la fermeture", assène Gilles Degéa, secrétaire général de l'union locale de la CGT. Certains salariés craignent que le groupe veuille délocaliser la production en Asie ou aux Etats-Unis, des régions moins dépendantes du gaz russe.
La porte-parole de Saint-Gobain assure pour sa part "ne pas avoir d'informations" sur une délocalisation et conteste que les coûts de l'énergie soient la cause de la fermeture. Cependant, selon elle, "le contexte géopolitique et l'augmentation des coûts des matières premières et du transport ne permettent pas d'envisager une amélioration" de la situation de l'usine.
Reclassement
Les négociations entre la direction et les organisations syndicales sont en cours. « Pour l'instant, on est au ras des pâquerettes », fulmine Jacques Martins. La direction, elle, assure que la priorité sera donnée « aux solutions de reclassement internes au sein des autres sociétés françaises du groupe ». Elle évoque aussi un accompagnement pour ceux qui ne trouveront pas de solutions au sein des filiales de Saint-Gobain.
Avec une moyenne d'âge de 51 ans et une ancienneté moyenne dans l'usine de 28 ans, la plupart des salariés s'interrogent sur leur employabilité dans ou hors du groupe. D'autant plus que les sites de Saint-Gobain les plus proches ont des métiers très éloignés de ceux de Savoie Réfractaires. Les syndicats ont mandaté un expert pour les accompagner dans leurs négociations. Ils craignent que face à l'envolée du prix du gaz, le site soit fermé plus rapidement que prévu
Soutien de la maire de Vénissieux aux salariés
"Ce n'est pas aux salariés de trinquer", s'agace la maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard, présente aux côtés des grévistes pour sauver ce "patrimoine industriel". "Saint-Gobain peut faire d'autres choix", ajoute-t-elle. Le groupe a annoncé en mars son intention d'accroitre ses capacités de production sur les isolants en France en investissant 120 millions d'euros dans la production de laine de verre.
Avec une moyenne de 26 ans d'ancienneté, beaucoup de salariés n'imaginent pas l'avenir ailleurs. "On est une famille, c'est ça qu'on va perdre", soupire Carlos Calvo 53 ans
La décision a été prise juste avant la fermeture estivale de l'usine. Les syndicats eux, parlent d'une fin préméditée et organisée depuis plusieurs années. "Depuis dix ans la fabrication des produits faits ici est petit à petit délocalisée en Asie, en Chine et en Inde. Ils ont recapitalisé certes, mais ce temps leur à permis de former des ouvriers à nos métiers ailleurs" critique Jacques Martin délégué CGT de Savoie Réfractaires.
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