Le processus de mise en vente de Jewson, la chaîne de distribution britannique de matériaux de construction, est lancé, selon Bloomberg. Un premier tour d’enchères pourrait avoir lieu d’ici une dizaine de jours. La vente pourrait rapporter plus de 1 milliard de livres à Saint-Gobain, d’après les sources citées par l’agence d’informations. C’est plus que de précédentes estimations. La Bourse apprécie.
La vente de Jewson par Saint-Gobain se confirme. Selon des informations de l’agence d’informations financières Bloomberg, le fabricant de matériaux de construction (mousses isolantes Celnex, plâtre à mouler Formula, accessoires de plomberie Dahl, vitrage Glassolutions…) a lancé le processus de mise en vente de la chaîne de distribution britannique. Bloomberg, qui cite des personnes proches du dossier, rapporte que le géant français, fournisseur des marchés de la construction et de la rénovation, avait « envoyé des documents commerciaux à des prétendants potentiels et a sollicité un premier tour d’enchères à la mi-octobre ». Saint-Gobain, malgré les conditions de marché actuellement difficiles, parie sur l’appétit toujours intact des fonds de capital-investissement.
Il y a près d’un mois, la chaîne de télé britannique Sky News indiquait que, selon ses informations, Saint-Gobain avait engagé la banque d’investissement JP Morgan pour lancer la vente. Les analystes financiers Sven Edelfelt et Virginie Rousseau, de la banque privée Oddo BHF, avançaient alors une valorisation de 600 à 900 millions d’euros. « Au final, si cette cession était confirmée, le groupe devrait approcher le montant de 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires cédé depuis 2019 contre 6,2 milliards à fin 2021 », écrivaient-ils dans une note dans laquelle ils saluaient la poursuite du plan de transformation. « Cette rumeur, si elle était confirmée, constitue une bonne nouvelle et montre que le groupe continue à nettoyer son portefeuille indépendamment du contexte. »
Une marge opérationnelle de 3%
Que la cession en vue cible cette fois - après celle de sa division « cristaux et détecteurs » annoncée le mois dernier ou celles, au printemps, des autrichiens Eckelt Glas et Glas Ziegler (transformation du verre) – un actif de la distribution (secteur le moins margé) va, de surcroît, faire très plaisir à l’actionnaire activiste Bluebell Capital. Le fonds londonien, qui détient moins de 0,5% du capital, juge les résultats financiers insuffisants et pousse le groupe à une scission des activités de distribution (La Plateforme du Bâtiment, France Pare-Brise, Jewson…), pour qu’il puisse se focaliser sur la fabrication. Saint-Gobain avait vendu en 2019 Point.P.
En Bourse, Saint-Gobain gagne 3,6% ce mardi, à près de 40 euros l’action (-36% depuis le début de l’année).
Jewson, qui s’adresse aux PME du secteur de la construction, avait été acquis en avril 2000. La chaîne emploie 6.000 personnes à travers la Grande-Bretagne. D’après les estimations d’Oddo BHF, le chiffre d’affaires de Jewson serait proche de 2,3 milliards d’euros pour un bénéfice opérationnel (Ebit) de l’ordre de 70 millions d’euros (marge de 3%). La chaîne comprend environ six cents succursales réparties dans toute la Grande-Bretagne.
D’après Bloomberg, rapportant les informations de ses sources, Jewson dégage environ 170 millions de livres sterling (192 millions de dollars ou euros) de bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. Sa vente « pourrait aller chercher dans les un peu plus de 1 milliard de livres » (plus de 1,1 milliard d’euros), selon l’agence, soit davantage que les estimations d’Oddo. Travis Perkins, le concurrent coté de Jewson, a une valeur de marché d'environ 1,7 milliard de livres.
Les fonds de capital-investissement CVC Capital Partners, Clayton Dubilier & Rice, Lone Star Funds et Advent International sont cités par Bloomberg comme étant susceptibles de s’intéresser à Jewson.
« Trois décennies de croissance »
La détérioration de la santé économique - et même les perspectives d’une récession - refroidit la volonté des banques de prêter les sommes nécessaires aux opérations de fusions-acquisitions. Mais les fonds de capital-investissement peuvent s’appuyer sur les fonds de crédit privé.
L’environnement est compliqué. Le relèvement des taux d’intérêt par les grandes banques centrales de la planète et la flambée des prix de l’énergie ont asséché les liquidités mondiales. Mais, pour l’activité de Saint-Gobain, l’explosion de la facture énergétique, la recherche d’économies pour les ménages et de souveraineté pour les Etats crée de puissants appels d’air pour ses produits. Saint-Gobain prévoit « trois décennies de croissance. »
Les echos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire