LA CGT SAINT GOBAIN BATIMENT C EST :

Bienvenue dans le blog des syndicats d'entreprise CGT SAINT-GOBAIN DISTRIBUTION qui regroupe les enseignes suivantes :

POINT P, distribution négoces généralistes et services aux entreprises de Travaux Publics
LAPEYRE, réseau de distribution destiné aux particuliers et aux professionnels
DSC CEDEO, enseigne spécialisée en sanitaire, chauffage et climatisation
Envie de salle de bain, enseigne grand public spécialiste de la salle de bains
CDL Elec, enseigne spécialisée en matériel électrique, chauffage, éclairage, domotique
ASTURIENNE, enseigne spécialisée dans la distribution de produits de couverture
PUM PLASTIQUE, distribution de produits et solutions plastiques
SFIC, enseigne spécialisée dans l’aménagement intérieur
La Plate Forme du Bâtiment, enseigne exclusivement aux professionnels, toutes spécialités
DISPANO, distribution de bois, panneaux, menuiseries
DECOCERAM, enseigne spécialisée dans le carrelage

Le temps de la mobilisation et des propositions d'amélioration de nos conditions de travail et de rémunération est venue
Ce n'est que tous ensemble que nous y arriverons !
La C.G.T est le syndicat qui défendra vos intérêts et vos revendications sans craindre la direction.
Les seules batailles perdues d'avance sont celles que l'on ne mènent pas !

Le syndicalisme fait partie du patrimoine vivant de l’humanité et de la démocratie. Fait social devenu universel, il a d’abord émergé en Europe avec la révolution industrielle, et y est resté depuis profondément enraciné.

L’histoire plus que séculaire de la CGT s’inscrit dans cet ensemble. Née de la volonté des salariés de s’organiser collectivement et durablement pour défendre leurs intérêts face à l’oppression et à l’exploitation, pour conquérir des droits et les faire valoir, pour imaginer un monde plus juste et proposer des voies pour y parvenir, sont le coeur de son action syndicale.

Bâtie selon deux dimensions professionnelles et géographiques, la CGT s’est forgée et constituée au fil de l’histoire autour d’une conception de solidarité entre les salariés qui combine l’ancrage à l’entreprise et à son environnement territorial.

« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture... »
(Paul Lafargue)

vendredi 22 novembre 2024

Le Sénat propose de travailler 7 heures par an sans salaire

Budget de la sécu : le Sénat vote une "contribution de solidarité" de sept heures de travail sans rémunération par an. 

S’ils ont préservé le principe d’une hausse des cotisations employeurs, les sénateurs de droite et du centre ont épargné le dispositif d’allègements sur les bas salaires, pourtant accusé de freiner leur progression. Parallèlement, ils ont voté le principe d’une nouvelle «journée de solidarité» imposée aux salariés.

A l’origine, il y avait une mesure censée aider à guérir un mal français : la «smicardisation», qui voyait début 2024 près de 14,6% des salariés du privé gagner le salaire minimum, un taux encore trop élevé malgré un recul par rapport à 2023 (17,3 %). La faute en partie, expliquait notamment le patronat français, à une augmentation trop rapide des cotisations sociales qu’il doit verser sur les salaires compris entre le smic et 1,6 smic, ce qui crée des effets de seuil. A la fin de l’examen du budget 2025, il y aura peut-être toujours ces effets de seuil, donc une potentielle stagnation salariale, et en bonus, tant qu’on y est, sept heures de travail non rémunérées supplémentaires pour les travailleurs. «Travailler plus pour gagner moins», a résumé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, mardi 19 novembre sur France 2. Ainsi va l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, actuellement dans les mains du Sénat à majorité de droite.

Mardi 19 novembre au soir, les sénateurs ont adopté un amendement, issu de la commission des affaires sociales et porté par sa rapporteure générale, la centriste Elisabeth Doineau (UDI), qui atténue sensiblement les effets de l’article 6 du PLFSS portant une révision du millefeuille des exonérations de cotisations patronales («allègements de charges», dans le vocabulaire de la droite). Le relèvement de quatre points (en deux ans) du taux de cotisation au niveau du smic, un revenu quasiment exonéré à ce jour pour l’employeur, était censé apporter des recettes substantielles, mais aussi s’accompagner, en 2026, d’un lissage des exonérations de cotisations entre 1,3 et 1,9 smic. Ainsi, les employeurs seraient incités à faire passer leurs salariés dans ces tranches de rémunération.

La mesure était directement inspirée de l'épais rapport remis en octobre par les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer, à la différence près (et notable) qu’eux proposaient de faire cette évolution à coût constant, tandis que le gouvernement a choisi d’en tirer des recettes supplémentaires, de l’ordre de cinq milliards d’euros en 2025. D’où une fronde unanime, venue notamment de secteurs patronaux comme la propreté, où une part majoritaire de salariés (et surtout de salariées) sont au salaire minimum. Mais venue aussi du «socle commun» sur lequel s’appuie le gouvernement de Michel Barnier, au sein duquel les macronistes notamment s’opposent farouchement à toute hausse du «coût du travail». Résultat, l’article 6 du PLFSS a été rejeté à l'Assemblée nationale par un front unissant LR, les macronistes et le RN, qui n’ont même pas proposé d’aménagement.

Voie médiane

Les sénateurs, eux, ont proposé une voie médiane. Ils ont annulé la hausse des cotisations au niveau du smic, mais en la compensant partiellement par un renforcement de la mesure gouvernementale sur les plus hauts salaires. Ainsi, les exonérations de cotisations maladie (que l’on appelle le «bandeau maladie»), qui s’éteignent actuellement à 2,5 smic, s’éteindraient à 2,1 smic au lieu de 2,2 dans le projet gouvernemental, et celles sur les cotisations familiales (le «bandeau famille») s’éteindraient à 3,1 Smic, au lieu de 3,5 smic selon le droit actuel et 3,2 smic dans le projet gouvernemental.

En 2025, la mesure sénatoriale réduirait de un milliard d’euros le rendement attendu, le ramenant ainsi à quatre milliards d’euros, avance la commission des affaires sociales. Un compromis qui semble convenir au gouvernement, lequel a émis un avis «de sagesse» par la voix de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-BouvetQuelques jours plus tôt, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’était dit prêt à accepter que le rendement de la mesure soit divisé par deux.

Dans la foulée, ce mercredi dans la soirée, les sénateurs ont adopté un autre amendement, lui aussi issu de la commission des affaires sociales et porté par là même Elisabeth Doineau, qui prévoit «une augmentation de sept heures de la durée annuelle de travail, pour un temps plein, des personnes en emploi, dans le secteur privé comme dans les fonctions publiques». Cette hausse non rémunérée du temps de travail, compensée par un doublement de la contribution des employeurs à la branche autonomie (de 0,3 % à 0,6 % de la masse salariale) revient concrètement à doubler la «journée de solidarité» instaurée en 2004, mais sans cibler un jour férié en particulier. Sans surprise, la mesure est rejetée par les syndicats, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, dénonçant dans le Monde «de vieilles recettes, de vieux poncifs qu’on a entendus mille fois, avec l’idée que les entreprises sont à bout et que les efforts doivent toujours retomber sur les salariés».

Le patronat pas enthousiasmé par les sept heures de solidarité

Elle n’est pas non plus franchement soutenue par le patronat. Le Medef se borne à répéter son mantra selon lequel «il faut augmenter la quantité de travail pour financer le modèle social», mais ne se prononce pas davantage, à ce stade, sur les moyens mis sur la table pour y parvenir, fait-il savoir. Plus sévères sont la CPME et l’U2P. Dans l’hypothèse où il s’agirait de revenir sur un jour férié, «la question de l’ouverture des écoles est majeure», estime Eric Chevée, vice-président de la première. Michel Picon, le président de la seconde, ne voit pas de son côté comment la mesure pourrait être appliquée chez les artisans et les commerçants qu’elle représente. Retirer une RTT aux salariés ? «Dans nos entreprises, elles n’existent quasiment pas.» Leur demander de travailler quelques minutes de plus par semaine ? «Il n’y a que ceux qui n’ont jamais bossé dans un magasin ou sur un chantier qui pensent que ça a du sens», ajoute-t-il. Pour lui, à la fin, il ne restera qu’un doublement de la contribution des entreprises à la branche autonomie.

Rien qui ait rebuté les sénateurs centristes et de droite pour autant, puisqu’ils ont adopté la mesure sans hésitation, l’un d’eux, le centriste Michel Canévet, proposant même d’aller jusqu’à dix-huit heures de travail supplémentaires. Le gouvernement avait pourtant émis un avis défavorable, par la voix de Laurent Saint-Martin : «La question du temps de travail n’est pas un tabou et doit être posée. Est-ce que cela doit se passer par un amendement au PLFSS aujourd’hui ? La position du gouvernement est que non. Que cela puisse être travaillé avec les partenaires sociaux, je pense que ça peut être une bonne idée.»

Il reste à voir ce qui restera de ces deux amendements dans le texte finalement promulgué. Ce sera tout l’enjeu de la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, qui sera chargée d’élaborer un texte synthétisant les positions de chaque Chambre. En attendant, pour le moment, l’examen du PLFSS au Sénat ne tourne pas à l’avantage des salariés.

Libération

mercredi 13 novembre 2024

Saint-Gobain devrait afficher une marge d'exploitation record en 2024

Le groupe de matériaux Saint-Gobain a relevé ce mardi sa prévision de marge d'exploitation pour 2024, qui sera « au-dessus de celle de 2023 » et donc « à un nouveau record », même si son activité continue de souffrir du recul de la construction neuve en Europe.

Saint-Gobain n'en finit pas de battre des records. Sa marge d'exploitation devrait atteindre un niveau jamais atteint en 2024, après s'être établie à 10,2% en 2021, 10,4% en 2022 et 11% en 2023.

 « Nous serons au-dessus de cela en 2024 et ce sera donc un nouveau record », a prédit le PDG du groupe Benoit Bazin ce mardi lors de la présentation du chiffre d'affaires du groupe pour le 3e trimestre de l'année.

De juillet à septembre, Saint-Gobain a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 0,1% à 11,57 milliards d'euros, ce qui porte ses ventes sur neuf mois à 35 milliards - un recul de 4,1% par rapport aux neufs premiers mois de 2023.

L'entreprise tricolore a bénéficié d'un effet périmètre après ses acquisitions récentes en Australie (CSR), en Malaisie (Hume), Amérique du nord (Building Products of Canada et Bailey au Canada, ICC aux Etats-Unis) et dans la chimie de la construction (Izomaks en Arabie Saoudite, Menkol Industries en Inde, Technical Finishes en Afrique du sud).

Recul de la construction en Europe

Néanmoins, tous les feux ne sont pas au vert. Saint-Gobain a souffert en début d'année d'un effet de changes négatif et du recul de la construction neuve en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Il souligne néanmoins une « amélioration sensible » de la situation par rapport au premier trimestre. Car, pour rappel, le secteur de la construction neuve en Europe représente 12% du chiffre d'affaires du groupe.

De fait, « comme prévu, le groupe anticipe un repli de certains de ses marchés sur l'ensemble de l'année 2024, avec en Europe un recul de la construction neuve et une résilience de la rénovation, et par ailleurs une bonne tenue des Amériques, de l'Asie-pacifique et des solutions de haute performance », détaille un communiqué.

Pour le PDG de Saint-Gobain, la reprise sera lente en Europe. Avec la baisse des taux engagée en Europe, « la vitesse de redémarrage dépend pas mal de la façon avec laquelle les citoyens se financent », a-t-il estimé.

Et ce, avec des spécificités régionales : « Dans les pays nordiques où on a plus de financement à taux variable, quand les taux baissent, on a une reprise plutôt plus rapide que quand on est sur des taux fixes », a précisé le PDG.

En France, la reprise sera « graduelle », selon Benoit Bazin, « cela va prendre plusieurs trimestres » (...) « ce ne sera pas une reprise en V »« Selon les pays, il y a entre 6 et 12-18 mois de décallage entre la baisse des taux et la reprise de volumes sur le neuf. »


Latribune.fr



mercredi 6 novembre 2024

Asturienne rentre sur le marché du photovoltaïque par le toit

Spécialisée dans la toiture et la couverture, l’enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France renforce le développement de ses activités autour du photovoltaïque, en proposant à ses clients couvreurs une offre complète qui allie produits, services et formations.

Rien de plus naturel pour une entreprise spécialiste de la couverture que de se lancer dans le photovoltaïque. A la recherche de nouveaux leviers de croissance dans le secteur de rénovation énergétique des bâtiments – et face à l’accélération du solaire, notamment au niveau de l’autoconsommation –, c’est le choix qu’a fait la société Asturienne. « Nous devons être acteurs sur ce marché qui explose et qui concerne notre terrain de prédilection, la toiture », affirme à pv magazine France Frédéric Bontemps, son directeur marketing.

Montée en compétences

Pour rentrer sur le marché du photovoltaïque, l’enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France a décidé de passer par ses clients couvreurs, qui constituent son premier relais pour la vente de solutions photovoltaïques auprès des particuliers. « C’est la première fois qu’on s’attaque à un marché où nos clients ne sont pas encore présents et sur lequel les principaux acteurs ne sont pas nos clients actuels ». La première étape consiste à former et accompagner les couvreurs pour les aider à monter en compétence. C’est notre principal enjeu », poursuit Frédéric Bontemps.

Cherchant à diffuser une culture du PV parmi ses clients traditionnels – qui représentent seulement 1 à 2 % du nombre des installateurs photovoltaïques en France –, Asturienne leur propose des formations qualifiantes, telles que QualiPV ou l’habilitation Électrique BP. Depuis début 2024, plus de 200 couvreurs en ont bénéficié, à l’occasion d’une douzaine de sessions organisées dans les agences de l’enseigne. « Dix autres sessions sont programmées d’ici la fin de l’année », précise Frédéric Bontemps. Des formations K2 Systems, leader européen des fixations photovoltaïques sous ETN, sont également proposées à ces professionnels, plus habitués à travailler sous ATEC.

« À côté de la formation des couvreurs, nous avons mis en place des formations pour toutes nos équipes, avec l’écriture de notre propre formation solaire, déjà suivie par 150 de nos collaborateurs, sur les 550 que compte l’entreprise », rajoute Frédéric Bontemps.

Services sur-mesure

En complément, Asturienne propose aux couvreurs toute une gamme de services sur-mesure pour les guider dans leurs projets solaires. Ils incluent un soutien dans les démarches administratives en collaboration avec APEM Energies, ainsi qu’un accompagnement pour l’obtention d’une garantie décennale PV auprès de l’assureur April. Depuis le 21 octobre, un configurateur de dimensionnement et de chiffrage pour une installation est également mis à disposition du réseau. Il évoluera très prochainement pour intégrer un calculateur de retour sur investissement qui pourra être mis à disposition des couvreurs pour leurs clients finaux.

Ciblant son activité sur des installations concernant le résidentiel, voire le petit tertiaire, Asturienne a commencé par proposer avec ses partenaires tuiliers des solutions d’intégration – principal métier des couvreurs –, pour rapidement étendre son offre. « Nous nous sommes rendu compte très rapidement qu’il nous fallait aussi une offre en surimposition, qui représente 95 % du marché du PV en toiture », reconnaît Frédéric Bontemps.

Approvisionné en matériel photovoltaïque (panneaux solaires, onduleurs et systèmes de fixation, systèmes de stockage, etc.) par le distributeur Enecsol, partenaire de l’enseigne, Asturienne compte dans son catalogue près de 200 références disponibles, stockées dans 17 de ses 62 points de vente répartis sur l’ensemble du territoire. L’enseigne travaille également à la création d’une « cellule » solaire comprenant des commerciaux dédiés, afin de pérenniser son développement dans le domaine.

PV magasine



dimanche 27 octobre 2024

Au boulot !

 « C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? » Sur le plateau des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte: « Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député François Ruffin : « Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec 1 300 €. - Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal. » Alors : peut-on réinsérer les riches ?

Une comédie documentaire, avec des rires et des larmes, qui met à l’honneur ceux qui tiennent le pays debout



dimanche 20 octobre 2024

Décarbonation : pourquoi Saint-Gobain fait une razzia sur la chimie de la construction

Le géant français des matériaux a enchaîné quatre méga acquisitions en trois ans pour se muscler dans ce secteur stratégique de la construction bas carbone. Une offensive éclair dans laquelle il a déboursé 5 milliards d’euros. De quoi accélérer la bataille des matériaux du futur.

Saint-Gobain bétonne ses positions dans la chimie de la construction. En trois ans à peine, le géant français des matériaux (47,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) a déboursé près de 5 milliards d’euros dans des acquisitions d’envergure pour se muscler dans ce secteur clé de la décarbonation du bâtiment. Il a encore annoncé, le 15 août dernier, un accord définitif pour mettre la main sur le groupe mexicain Ovniver, un leader des colles à carrelage, enduits de façade et solutions d’étanchéité en Amérique centrale, pour 740 millions d’euros. Une affaire bouclée en moins de trois mois qui signe sa quatrième grosse opération de croissance externe dans ce marché depuis 2021.

Colles, résines, adhésifs, mortiers, adjuvants et additifs pour béton et ciment… La chimie de la construction consiste à concevoir des produits à base de formulations complexes qui améliorent les performances techniques des matériaux (résistance, isolation, étanchéité, légèreté, etc.), tout en les rendant plus écologiques. « Par exemple, les adjuvants modifient les caractéristiques du béton. Ils permettent d’utiliser des ciments moins polluants, et ainsi de réduire drastiquement l’empreinte carbone du premier matériau de construction utilisé dans le monde », explique Thierry Bernard, directeur général Chimie de la construction de Saint-Gobain. Celui-ci dirigeait Chryso lorsque cette pépite française de la chimie du béton a été racheté par le groupe, il y a trois ans, pour 1.02 milliard d'euros. 

Un « grand chelem »

Ce fut la première grande offensive de Saint-Gobain dans la chimie de la construction. Dans la foulée, il a avalé l'américain GCP Applied Technologies (2 milliards d'euros) en 2022, et enfin le britannique Fosroc (1 milliard), le 27 juin dernier. Sans compter les rachats menés en parallèle d’une trentaine d’autres petites cibles… Pas étonnant que Benoît Bazin, le PDG du groupe, se soit récemment réjoui devant la presse d’avoir réalisé un « grand chelem ». A l’arrivée, lorsque les acquisitions de Fosroc et Ovniver seront finalisées d’ici à début 2025, cette branche pèsera 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit deux fois plus qu’il y a trois ans.

Cette percée fulgurante coche toutes les cases du plan stratégique « Grow and Impact » que Benoît Bazin a lancé en prenant les manettes de Saint-Gobain à l'été 2021. L’objectif ? Doper sa croissance et sa rentabilité grâce à un recentrage des activités sur les marchés prometteurs de la construction durable. Saint-Gobain n’a de cesse, depuis, de faire le grand ménage de son portefeuille de produits, à coups de cessions d’activités moins en phase avec cette stratégie et d’acquisitions de cibles plus porteuses, et d’avancer ses pions dans lez zones géographiques les plus dynamiques (Amérique du Nord, Asie et pays émergents).

Et c’est peu de dire que la chimie de la construction a du potentiel : le marché est aujourd’hui estimé à 100 milliards d’euros à l’échelle mondiale. Ses métiers couvrent tous les étages d’un bâtiment, des fondations à la toiture, en passant par les sols et façades, mais s’appliquent aussi aux travaux plus techniques d’infrastructures, comme les ponts. « Ce secteur affiche une croissance supérieure aux sous-jacents de la construction avec l’accélération de la transition écologique dans les pays matures, comme dans les pays émergents où les forts besoins d’urbanisation favorisent des modes constructifs plus efficients que les méthodes traditionnelles », souligne Thierry Bernard.

Martingale du BTP

Responsable de 37 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l'ONU, le bâtiment n’a, de toute façon, pas vraiment le choix que de verdir ses chantiers. « Outre les réglementations bas carbone mises en place par les Etats, les acteurs de la construction sont aussi sous la pression d’investisseurs de plus en plus regardants sur la part de leurs activités compatibles avec les enjeux environnementaux, relève Sandra Bertholom, associée spécialiste du secteur chez Kea. On ne peut plus produire le bâtiment aujourd’hui comme on le faisait hier. » Et face à la crise de la construction neuve en Europe, la décarbonation est un peu la martingale pour le secteur en quête de relais de croissance.

Toute la chaîne du BTP cherche la formule magique pour alléger son bilan carbone. A l’instar de Bouygues Construction qui, sur ses chantiers, utilise du béton bas carbone, de l’acier recyclé ou des matériaux biosourcés (bois, paille, terre crue…). « Pour chaque projet, il faut analyser le coût et l’impact climatique de chaque solution par rapport à ses alternatives, estime Edward Woods, directeur R&D et Innovation du groupe. Cela bouge beaucoup du côté des matériaux. Chaque matin, il y a une nouvelle solution ! » Selon Karim Hatem, associé du groupe Kea, « les fabricants de matériaux, groupes d’ingénierie ou constructeurs s’observent tous, car ils savent que seuls certains vont remporter la mise sur le marché des nouvelles solutions bas carbone ».

Consolidation à marche forcée

Grâce à ses assauts dans la chimie, Saint-Gobain occupe le terrain dès l’amont de la chaîne de valeur. Il talonne désormais le numéro un mondial du secteur, le suisse Sika qui pèse pour 11,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une belle revanche pour le fleuron tricolore qui n’a pas oublié sa tentative ratée de rachat de son concurrent helvète en 2014. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Sika multiplie, lui aussi, les rachats pour grandir et tenir son rang. Comme l’an dernier, celui de MBCC Group (5,8 milliards d’euros), la plus grosse opération de son histoire.

Cette consolidation à marche forcée a fini par attirer l’œil des autorités de la concurrence. Des enquêtes sur de possibles ententes sur les prix et abus de position dominante dans la chimie du béton ont été ouvertes en Europe, au Royaume-Uni et en Turquie fin 2023, visant plusieurs entreprises, dont Saint-Gobain et Sika. De là à calmer la boulimie des géants de la construction ? Rien n’est moins sûr. « Le secteur est encore très éclaté. Ensemble, les dix premiers acteurs ne pèsent pas plus de 30 % du marché mondial », selon Thierry Bernard. En clair, il reste des places à conquérir dans les matériaux du futur.

Challenge