LA CGT SAINT GOBAIN BATIMENT C EST :

Bienvenue dans le blog des syndicats d'entreprise CGT SAINT-GOBAIN DISTRIBUTION qui regroupe les enseignes suivantes :

POINT P, distribution négoces généralistes et services aux entreprises de Travaux Publics
LAPEYRE, réseau de distribution destiné aux particuliers et aux professionnels
DSC CEDEO, enseigne spécialisée en sanitaire, chauffage et climatisation
Envie de salle de bain, enseigne grand public spécialiste de la salle de bains
CDL Elec, enseigne spécialisée en matériel électrique, chauffage, éclairage, domotique
ASTURIENNE, enseigne spécialisée dans la distribution de produits de couverture
PUM PLASTIQUE, distribution de produits et solutions plastiques
SFIC, enseigne spécialisée dans l’aménagement intérieur
La Plate Forme du Bâtiment, enseigne exclusivement aux professionnels, toutes spécialités
DISPANO, distribution de bois, panneaux, menuiseries
DECOCERAM, enseigne spécialisée dans le carrelage

Le temps de la mobilisation et des propositions d'amélioration de nos conditions de travail et de rémunération est venue
Ce n'est que tous ensemble que nous y arriverons !
La C.G.T est le syndicat qui défendra vos intérêts et vos revendications sans craindre la direction.
Les seules batailles perdues d'avance sont celles que l'on ne mènent pas !

Le syndicalisme fait partie du patrimoine vivant de l’humanité et de la démocratie. Fait social devenu universel, il a d’abord émergé en Europe avec la révolution industrielle, et y est resté depuis profondément enraciné.

L’histoire plus que séculaire de la CGT s’inscrit dans cet ensemble. Née de la volonté des salariés de s’organiser collectivement et durablement pour défendre leurs intérêts face à l’oppression et à l’exploitation, pour conquérir des droits et les faire valoir, pour imaginer un monde plus juste et proposer des voies pour y parvenir, sont le coeur de son action syndicale.

Bâtie selon deux dimensions professionnelles et géographiques, la CGT s’est forgée et constituée au fil de l’histoire autour d’une conception de solidarité entre les salariés qui combine l’ancrage à l’entreprise et à son environnement territorial.

« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa progéniture... »
(Paul Lafargue)

mercredi 25 décembre 2024

Radiographie des fêtes de Noël 2024 : Entre signes d’amélioration et persistance des fragilités

Comme chaque année, l’association Dons Solidaires et l’IFOP dévoilent les résultats de leur baromètre destiné à mesurer les opinions et comportements des Français à l’égard des fêtes de Noël. Cette étude revêt une importance particulière dans un contexte où les restrictions budgétaires touchant les dépenses de Noël constituent un marqueur significatif de précarité. En effet, au-delà de leur dimension matérielle, les renoncements aux cadeaux et aux festivités traduisent souvent une forme d’exclusion sociale, particulièrement douloureuse durant cette période traditionnellement associée au partage et à la convivialité. Après une année 2023 marquée par une hausse importante des restrictions, cette nouvelle vague d’enquête permet d’établir un diagnostic approfondi de la situation des ménages français, particulièrement des familles avec enfants, alors que l’inflation semble marquer le pas.

 

2024 : Vers un Noël réenchanté ?

 

La nouvelle édition du baromètre Dons Solidaires / IFOP révèle une situation contrastée. L’année 2024 marque une inflexion positive dans le ressenti économique des Français. Pour la première fois depuis le retour de l’inflation, la proportion de ceux qui craignent de ne pas finir le mois passe sous la barre symbolique des 50 % (49 %, -8 points vs 2023). Dans le même temps, le sentiment de risque de basculement dans la pauvreté diminue (41 %, -4 points) et la crainte de devoir recourir aux associations alimentaires recule significativement (21 %, -6 points).

Cette amélioration du climat économique se reflète dans les intentions d’achat pour Noël. La part des parents prévoyant un budget en baisse retrouve son niveau pré-inflation (46 %, -8 points) et près d’un tiers n’envisage pas de faire de concessions sur d’autres dépenses (29 %, +8 points). Plus encourageant encore, la proportion de ceux qui déclarent pouvoir acheter ce qu’ils veulent progresse légèrement (46 %, +5 points).

 

Familles monoparentales et parents modestes : les oubliés de la fête

 

Malgré ces signaux positifs, l’analyse détaillée révèle des fractures sociales profondes. La situation des familles monoparentales apparaît particulièrement préoccupante. Plus de la moitié d’entre elles (51 %) ressentent des difficultés financières chroniques, soit près du double de la moyenne nationale (27 %). Les fêtes de Noël suscitent moins d’engouement chez ces foyers, voire évoquent des sentiments négatifs pour beaucoup : la moitié ressent de l’inquiétude (50 % contre 29 % en moyenne), et presque autant éprouvent de la tristesse (47 % contre 28 %). Formant la majorité de ces ménages, les mères célibataires sont par ailleurs deux fois plus nombreuses à prévoir de passer Noël seules (32 % contre 16 %).

Les catégories modestes et pauvres sont également particulièrement touchées. Les Français appartenant aux catégories « pauvres » sont deux fois plus susceptibles de ressentir des émotions négatives : 42 % se disent inquiets (contre 12 % des hauts revenus) et 41 % sont tristes à la perspective du réveillon (contre 16 %). Une nette majorité de parents précaires continue à attribuer un budget moins élevé pour leurs cadeaux (58 %, 11 points de plus que la moyenne).

 

 

Le point de vue de François Legrand, Directeur d’études à l’IFOP

 

Les résultats du baromètre montrent une amélioration sensible tant du point de vue du moral économique des Français que des intentions d’achat pour les fêtes. La crainte de ne pas finir le mois recule significativement (49 %, -8 points), tout comme la propension des parents à réduire leurs dépenses de Noël. Pour autant, cette embellie masque une réalité sociale plus complexe. Les fêtes de fin d’année agissent comme un révélateur particulièrement puissant des fractures qui traversent notre société. La situation des familles monoparentales est à cet égard emblématique. Ces foyers, majoritairement dirigés par des femmes, cumulent précarité économique chronique et isolement social. Un tiers d’entre elles passeront Noël seules, une proportion qui interroge sur l’effritement des solidarités traditionnelles. Plus largement, l’émergence de nouvelles pratiques de consommation – succès de l’occasion, priorisation des achats utiles, développement des circuits discount – témoigne d’une transformation durable des comportements qui dépasse les seules catégories modestes. Les résultats de cette enquête soulignent le risque de voir s’installer durablement une société à plusieurs vitesses, où les fêtes de fin d’année, traditionnellement associées au partage et à la joie, deviendraient un marqueur supplémentaire de distinction sociale.


IFOP



mercredi 18 décembre 2024

Comment le dialogue social et le travail ont-ils été transformés ?

Les mutations économiques et les évolutions de la négociation collective affectent le marché du travail et le rapport que les salariés entretiennent avec celui-ci. L’intervention syndicale en est aussi profondément modifiée.


Le 15 septembre dernier, la question « Comment le syndicalisme peut faire face aux transformations du travail et de la négociation collective ? » a réuni au Village du livre de la Fête de l’Humanité Baptiste Giraud, sociologue et auteur de Réapprendre à faire grève (PUF, 2024) et codirecteur du Dialogue social sous contrôle (PUF,2024), et Bruno Palier, sociologue et coauteur de Que sait-on du travail ? (Presses de Sciences-Po et éditions du Monde, 2023). 

Pourquoi se poser la question « que sait-on du travail » ?

L’ouvrage collectif Que sait-on du travail ? trouve son origine dans le constat que le débat public s’est peu intéressé au « travail réel », à savoir à la façon dont les gens vivent le travail et produisent des services ou des biens au quotidien. Dans une période où le chômage a baissé, où la question de la rémunération du travail revient sur le devant de la scène et où une majorité de la population et d’actifs s’est mobilisée pour refuser de travailler plus longtemps dans les conditions actuelles, notre livre veut montrer qu’il y a de vrais problèmes au travail (accidents, burn-out, absence d’écoute et de reconnaissance) contrairement à ce qu’insinuent ceux qui disent que « les Français sont des fainéants »

Comment les nouvelles technologies ont-elles affecté le travail ?

Bruno Palier : Le recours à l’ordinateur, aux logiciels ou aux algorithmes consiste trop souvent à mettre l’humain au service de la machine. Dans les usines ou dans les entrepôts, ils déterminent de plus en plus le contenu des tâches, le temps qui leur est imparti et contrôlent celui mis pour les effectuer. Dans les entrepôts, les salariés sont équipés de casque qui pilote leur travail. La soumission à la machine vise à intensifier le travail afin d’accroître la productivité. Cela complique la constitution du collectif et donc aussi la syndicalisation. On pourrait placer la machine au service de l’humain. Donner aux robots ou aux algorithmes les tâches les plus répétitives et pénibles permettrait de libérer du temps de travail au profit de l’échange avec les autres.

Comment l’intensification du travail dégrade-t-elle les conditions de travail ?

Bruno Palier : Dans l’aide à domicile, la tablette informatique, qui encadre le travail des salariés, ne considère que les tâches concrètes comme faire le ménage, les courses ou laver la personne dépendante. Aucun temps n’a été prévu pour discuter avec la personne alors que c’est une partie du métier. La concentration sur les tâches à accomplir sans temps de respiration, sans cœur et sans cerveau, dégrade les conditions de travail.

C’est difficile psychologiquement et cela conduit à une perte de sens. Ce pour quoi j’ai choisi ce travail, on ne me permet pas de le faire. C’est vrai pour les aides à domicile mais aussi pour les caristes attachés à faire « une belle palette » ou pour l’employé de supermarché qui veut faire « un beau rayon ». Une distance progressive s’instaure avec son travail au point qu’on n’a plus la possibilité de s’y investir. La partie où je mets mon cœur ou mon cerveau a été gommée par un management qui ne considère que la rentabilité et qui se trouve toujours plus distant du travail réel et de ceux qui l’accomplissent.

Le livre pointe également une polarisation du marché du travail. De quoi s’agit-il ?

Bruno Palier : Ce phénomène de fond travaille la vie politique et la vie syndicale. « Les emplois du milieu », rémunérés à 1,2, 1,5 ou 1,8 fois le Smic, qui se sont développés au cours des Trente Glorieuses, disparaissent depuis 1975. Ces emplois ouvriers ou employés moyennement qualifiés sont délocalisés ou sont remplacés par l’automatisation. La polarisation du travail se fait entre deux perspectives. D’un côté, ceux qui font des études et ont accès à des emplois qualifiés ou très qualifiés. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont heureux puisque les cadres sont aussi sous pression.

De l’autre côté, l’émergence d’un nouveau prolétariat des services dans le soin, l’aide à domicile ou dans les entrepôts. Ce sont des métiers dont le temps de travail est fragmenté et dont les lieux de travail sont éclatés et qui sont difficiles à syndiquer pour ces raisons-là. Les travailleurs qui occupent les emplois du milieu se sentent menacés et sont la cible d’un message politique qui leur dit : vous êtes négligés par les élites et menacés par les gens d’en dessous. L’enjeu est de faire mesurer que la pression s’exerce aussi bien dans les usines que dans les entrepôts ou dans l’aide à domicile et que les salariés partagent une situation commune même si elle n’est pas perçue comme telle.

A contrario de la perte de sens et de la dégradation des conditions de travail, les salariés aspirent à mieux travailler…

Bruno Palier : Dans notre livre, Dominique Méda montre que les Français sont, parmi les Européens, ceux qui attachent le plus d’importance à l’activité professionnelle. Plutôt que d’« une grande démission », il faut parler d’une « grande déception ». Les Français veulent bien faire les choses et constatent qu’on ne leur en donne pas les moyens. L’aspiration à travailler mieux peut servir de base à une mobilisation syndicale. Il faut parler des conditions de travail pour les améliorer. Il faut donner une voix aux salariés pour qu’ils aient leur mot à dire sur la façon dont leur travail est organisé. Du côté des politiques, il faut politiser la question. Est-ce qu’on va en rester à une situation où le travail est considéré comme un coût ou est-ce qu’on considère qu’il est essentiel à la construction de l’identité des individus et un pilier du fonctionnement correct de notre société ?

Les transformations du travail sont liées à celles des relations professionnelles. Comment les règles de celles-ci ont évolué ?

Notre ouvrage collectif, le Dialogue social sous contrôle, propose un état des lieux des réformes du dialogue social. Depuis celle de Fillon en 2003 jusqu’à celles de la présidence d’Emmanuel Macron, elles ont modifié les règles pour faciliter la recherche de la compétitivité. Elles ont organisé une subversion radicale de la logique de la négociation collective. Depuis leur généralisation par le Front populaire en 1936, la négociation collective a pour pilier principal les branches auxquelles se sont ajoutées les négociations d’entreprise avec les lois Auroux de 1982. La négociation est alors pensée comme un droit des salariés et de leurs représentants pour obtenir des progrès sociaux. À de rares exceptions, les accords ne pouvaient déboucher que sur une amélioration des droits.

Les « ordonnances travail » adoptées sous le quinquennat de Macron ont bouleversé cette logique en permettant, dans une majorité de domaines, de déroger par accords d’entreprise aux accords de branche, pour baisser, par exemple, la rémunération des heures supplémentaires. Les gouvernements ont l’habitude de se féliciter du plus grand nombre d’accords d’entreprise signés chaque année en France (90 000 en 2023).

Est-ce une bonne nouvelle ? Les nouvelles règles de la négociation collective conjuguées au rapport de force dans les entreprises aboutissent à des accords toujours plus favorables aux employeurs. Dans les entreprises où les syndicats sont présents et la main-d’œuvre qualifiée, la négociation collective permet d’obtenir des compromis favorables aux salariés car les employeurs ont besoin de les fidéliser. Ailleurs, dans le meilleur des cas, la négociation est bloquée. Dans 6 entreprises sur 10, les syndicats sont absents.

Quand ils sont présents, par exemple dans les entreprises de services qui emploient une main-d’œuvre moins qualifiée, plus facilement interchangeable, ils négocient dans des conditions beaucoup plus défavorables : les directions d’entreprise voient nettement moins leur intérêt au compromis et sont souvent prises dans des rapports de dépendance économique. La capacité des syndicats à mobiliser est réduite. Les compromis sont plus faibles et, pire encore, la négociation d’entreprise peut servir à dégrader la condition salariale. Le risque est donc que la négociation d’entreprise devienne d’abord un outil managérial permettant d’ajuster et de subordonner de façon croissante la logique du compromis salarial à la logique de la rentabilité financière.

En même temps, les règles de la représentation ont été profondément transformées…

Baptiste Giraud : Les « ordonnances travail » ont généralisé la possibilité de négocier avec des élus non syndiqués, qui n’ont jamais été formés ou qui sont pris dans des rapports de domination très étroits avec leur employeur. Certains employeurs choisissent eux-mêmes les élus et en font des sortes de relais RH (ressources humaines). La signature des élus apparaît alors comme une ratification juridique d’une décision unilatérale de l’employeur. Rappelons, par ailleurs, qu’il n’existe aucune obligation légale de conclure un accord, juste une obligation à entrer en négociation. Là où les syndicats sont faibles, l’alternative qui est posée est entre ce que propose l’employeur ou rien.

Qu’a changé l’instauration du comité social et économique (CSE) ?

Baptiste Giraud : La fusion de ces trois institutions (délégués du personnel, CE, CHSCT) a entraîné la disparition d’un tiers des élus en l’espace de cinq ans. Les élus qui restent ont hérité de mandats gigantesques. Le gouvernement a affirmé vouloir renforcer le dialogue social de proximité, mais il a fait l’inverse en éloignant les salariés de leurs représentants. Devenant de véritables professionnels de la représentation, ils passent leur temps dans des instances. Cela affaiblit l’ancrage militant des organisations syndicales. L’éloignement des élus du travail, conjugué à la disparition des CHSCT, affaiblit considérablement leur capacité à porter les enjeux du travail et des conditions de travail dans leur mandat.

Comment expliquez-vous que les salariés les plus exposés à l’arbitraire patronal sont ceux qui ont moins recours à la grève ?

Baptiste Giraud : Réapprendre à faire grève revient sur cette énigme de la sociologie qui veut que les travailleurs, en l’occurrence des travailleuses dans leur majorité soient les moins enclines à faire grève alors qu’elles ont plus de raisons de le faire. Pendant deux ans, j’ai enquêté à Paris sur l’activité des militants de l’union syndicale du commerce CGT qui tentent d’organiser ceux que Bruno a appelés « les prolétaires des services », les femmes de chambre, les ouvriers de la logistique… Le livre s’oppose à une vision romantique de la grève : moment de bonheur ou de joie et facile à faire. Il refuse aussi la vision misérabiliste de ces salariés.

Ce n’est pas parce qu’ils font moins grève qu’ils subissent sans résister. Ils opposent au contraire des formes d’indocilité, voire d’insubordination au travail. Le niveau élevé de turnover dans ces collectifs de travail en est une manifestation. Plus difficile est le passage à l’action collective. Cela s’explique par le fait que ces salariées occupent des emplois précaires ou perçoivent des revenus très modestes. Cela s’explique aussi par leur éloignement de la culture syndicale. Faire grève peut faire peur et ne fait pas forcément sens.

Cela nécessite un apprentissage militant. Le livre met aussi en débat les verrous organisationnels qui font obstacle à la grève. Les syndicats sont en difficulté pour prendre en charge ces salariées. Dans le cas de celui que j’ai suivi, ils ne sont que deux permanents et demi pour des secteurs qui emploient plus d’un million de salariés. Cela entrave très concrètement la capacité d’un syndicat comme la CGT à se développer dans ces mondes du salariat et à mener un travail pérenne d’éducation à la lutte syndicale. Cela pose donc la question de l’adaptation des structures du syndicat et de l’allocation de ses ressources pour les mettre au service de l’organisation des travailleurs et des travailleuses de ces secteurs.

Bruno Palier : Le monde politique et médiatique n’a pas pris conscience de la transformation profonde de la distribution des métiers en France. Pendant le Covid, on a applaudi chaque soir les travailleuses et travailleurs dits essentiels car leur travail était indispensable à la survie des autres et au fonctionnement de notre société. Ce sont les travailleuses et les travailleurs de la santé, du service aux autres, de la logistique, de l’eau, de l’énergie et de la collecte des déchets. Ils représentent 32 % des emplois, essentiellement occupés par des femmes ; beaucoup sont à temps partiel. Ils sont en moyenne 20 % moins bien rémunérés que les autres.

Les conditions de travail sont aussi particulièrement difficiles. Certains produits ménagers comme l’eau de Javel ne sont pas considérés comme dangereux alors que leur usage à la longue génère des cancers. Porter une personne âgée, l’aider à se lever ou à se coucher, porter plusieurs dizaines de fois un bébé par jour, c’est manipuler des charges lourdes. Il faut changer nos mentalités et regarder où se situent les prolétaires et les classes exploitées aujourd’hui. Il existe un rapport d’exploitation entre « les cerveaux », les salariés diplômés ou très diplômés et celles et ceux qu’ils considèrent comme leurs « servants » qui font leur ménage, s’occupent de leurs enfants… Il faut prendre conscience de ce nouveau rapport de domination pour organiser du partage entre ces deux classes.

Baptiste Giraud : Cela exige du côté des syndicats à repenser leurs manières de s’organiser pour être en capacité non seulement à mieux prendre en charge la défense des intérêts des salariés les plus précaires, mais aussi pour faire vivre les solidarités de classe en soutien à leurs luttes. Elles sont d’autant plus nécessaires face à un patronat très pugnace qui oppose, dans ces secteurs, une résistance très forte au syndicalisme, obligeant de façon récurrente à des conflits très longs.

Les enquêtes de l’Humanité

vendredi 13 décembre 2024

Ticket restaurant : mauvaise nouvelle, ce qui change au 1er janvier pour payer vos courses

Le gouvernement Barnier était « favorable » à la possible extension en 2025 de l'utilisation des titres-restaurant pour faire ses courses alimentaires. Mais avec la censure, ils ne seront plus autorisés dans les supermarchés au 1er janvier 2025 pour les courses de produits alimentaires non-directement consommables (huile, pâte, beurre).

C'est désormais une certitude. Près de 6 millions de Français ne pourront plus utiliser leur titre-restaurant en janvier 2025 dans les supermarchés pour leurs courses de produits alimentaires non-directement consommables (huile, pâte, beurre). L'information a été confirmée ce lundi par Laurence Garnier, la toujours secrétaire d'État à la consommation, interrogée par Ouest-France.

Une proposition de loi avait été votée fin novembre à l'Assemblée nationale pour une prolongation de l'usage des tickets-restaurant dans les supermarchés jusqu'à fin 2026. Mais, la censure du gouvernement, Barnier change la donne. « La prolongation de l'utilisation des titres-restaurant ne pourra pas être votée au Sénat en l'absence de gouvernement et de ministre au banc », souligne Laurence Garnier. Le texte devait être examiné jeudi par les sénateurs.

Une dérogation déjà prolongée

« La dérogation – permise par une loi en 2022 à la suite du Covid – avait déjà été reconduite pour un an en décembre 2023 du fait d'une inflation encore élevée, mais prendra donc fin au 31 décembre 2024 pour les 5,4 millions de salariés en France bénéficient de titres-restaurant », rappelle Ouest-France.

De nombreux acteurs étaient opposés à cette possible prolongation de l'utilisation des titres-restaurants, un « scandale » pour Thierry Marx, le président de l'Umih, première organisation patronale des restaurateurs.

Les titres-restaurant « ont été créés pour les restaurants » et leur extension à la grande distribution prive les restaurateurs d'une manne estimée à « 576 millions d'euros », avait-il affirmé sur RMC il y a une dizaine de jours.

De son côté, le Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France (GHR), plaidait aussi pour ne pas « continuer de flécher tous les titres-restaurant vers la grande distribution », bien que les consommateurs y voyaient « un avantage en termes de pouvoir d'achat ».

Dans le fil de discussion WhatsApp avec la presse, le cabinet du ministre du Budget Laurent Saint-Martin a indiqué ce lundi midi également qu'en l'absence de Budget pour 2025, tous les dispositifs qui devaient s'éteindre au 31 décembre ne seront pas prorogés. Ils ne pourront pas être intégrés à la future loi spéciale en préparation qui « permet de prélever l'impôt, d'avoir les recettes pour pouvoir financer les services publics, pour pouvoir signer un décret permettant de reconduire les crédits budgétaires de l'année 2024 en 2025 », a rappelé le ministre chargé du Budget et des Comptes publics sur TF1 ce lundi matin.

Moneyvox

jeudi 12 décembre 2024

DSC accélère sa transition énergétique avec le B100, le biogaz et les motorisations électriques

Dans le cadre de sa politique de transition énergétique vers un transport routier plus durable, DSC la division sanitaire et chauffage de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, poursuit le renouvellement de sa flotte de livraison. Engagée dans la réduction de ses émissions de CO₂, l’entreprise opte pour des alternatives aux énergies fossiles, notamment le biocarburant B100. D’ici 2030, DSC souhaite atteindre une réduction de 60 % de ses émissions de CO₂ grâce à l’extension de sa flotte de véhicules électriques et l’intégration progressive du B100 comme carburant principal.

Une stratégie progressive vers une flotte décarbonée

Depuis deux ans, DSC remplace ses véhicules diesel par des motorisations plus propres, favorisant ainsi la réduction de l’impact environnemental de ses opérations logistiques. Pour atteindre une baisse de 50 % de ses émissions de CO₂ d’ici 2028, l’entreprise mise sur des solutions variées : le biocarburant B 100, l'électrique et le biogaz. Ce choix diversifié permet à DSC de progresser en fonction des besoins opérationnels et des infrastructures disponibles. L'objectif fixé pour 2030 est ambitieux : 53% de la flotte fonctionnant au B100 et 15% des camions propulsés par une motorisation électrique.

Le B100, un biocarburant localement produit et déployé

Le B100, biocarburant produit à partir de ressources renouvelables comme l’huile de colza, constitue un élément central de la stratégie de DSC. Carburant vraiment typiquement français, 100% biodégradable et donc fabriqué en France; Il se substitue au gazole pour les poids lourds tout en offrant une réduction de 60% des émissions de CO2 et de 80% des particules. DSC a investi dans des infrastructures spécifiques avec l'installation de cuves B100 sur ses plateformes logistiques. Les sites d’Atton (Meurthe-et-Moselle) et de Fuveau (Sud-Est) disposent déjà de réservoirs de 20 000 litres, assurant un approvisionnement constant pour les camions roulant au B100. 

Une autonomie optimisée pour les véhicules B100

Les poids lourds de DSC équipés pour le B100 offrent une autonomie comparable à celle des véhicules diesel, avec des parcours de 250 à 300 km par jour et des capacités maximales entre 500 et 800 km par plein, selon les conditions d'utilisation. Les véhicules de 12 tonnes, adaptés au transport routier longue distance, permettent de répondre aux besoins de livraison des agences cedeo et clim+ en régions Grand Est et Sud-Est. DSC veille à adapter ses véhicules pour que le passage au B100 soit optimal en termes d’efficacité énergétique et de compatibilité technique.

L'évolution de la flotte électrique, un engagement sur le long terme

En parallèle du déploiement du B100, DSC investit dans la mise en place de sa flotte électrique. Actuellement composée de huit véhicules, cette flotte doublera pour atteindre 16 camions électrique d'ici fin 2024 soit 15 % de sa flotte. Cette transition vers l’électrique vise une réduction notable des émissions pour les livraisons urbaines et périurbaines. Le développement de cette flotte constitue un axe important pour l’atteinte des objectifs environnementaux, selon l’entité. 

Truckeditions

mercredi 4 décembre 2024

Saint-Gobain : annulation de 5 millions d'actions

Saint-Gobain a procédé en date du 3 décembre 2024 à l’annulation de 4 959 746 actions auto-détenues achetées sur le marché. A l’issue de cette opération, le nombre total d'actions composant le capital s'élève à 499 millions d’actions et le nombre de titres en circulation à 497 millions d’actions contre 502 millions à fin décembre 2023. Un montant de 420 millions d’euros a été alloué par le groupe au rachat de ses propres actions en 2024 (nets des opérations liées à l’actionnariat salarié).



"Avec 2 milliards d'euros de rachat d'actions réalisé depuis 2021, le Groupe a atteint avec un an d'avance son objectif annoncé en 2021 dans le cadre de son plan " Grow & Impact " (2021-2025)", précise le spécialiste des matériaux de construction.

vendredi 22 novembre 2024

Le Sénat propose de travailler 7 heures par an sans salaire

Budget de la sécu : le Sénat vote une "contribution de solidarité" de sept heures de travail sans rémunération par an. 

S’ils ont préservé le principe d’une hausse des cotisations employeurs, les sénateurs de droite et du centre ont épargné le dispositif d’allègements sur les bas salaires, pourtant accusé de freiner leur progression. Parallèlement, ils ont voté le principe d’une nouvelle «journée de solidarité» imposée aux salariés.

A l’origine, il y avait une mesure censée aider à guérir un mal français : la «smicardisation», qui voyait début 2024 près de 14,6% des salariés du privé gagner le salaire minimum, un taux encore trop élevé malgré un recul par rapport à 2023 (17,3 %). La faute en partie, expliquait notamment le patronat français, à une augmentation trop rapide des cotisations sociales qu’il doit verser sur les salaires compris entre le smic et 1,6 smic, ce qui crée des effets de seuil. A la fin de l’examen du budget 2025, il y aura peut-être toujours ces effets de seuil, donc une potentielle stagnation salariale, et en bonus, tant qu’on y est, sept heures de travail non rémunérées supplémentaires pour les travailleurs. «Travailler plus pour gagner moins», a résumé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, mardi 19 novembre sur France 2. Ainsi va l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, actuellement dans les mains du Sénat à majorité de droite.

Mardi 19 novembre au soir, les sénateurs ont adopté un amendement, issu de la commission des affaires sociales et porté par sa rapporteure générale, la centriste Elisabeth Doineau (UDI), qui atténue sensiblement les effets de l’article 6 du PLFSS portant une révision du millefeuille des exonérations de cotisations patronales («allègements de charges», dans le vocabulaire de la droite). Le relèvement de quatre points (en deux ans) du taux de cotisation au niveau du smic, un revenu quasiment exonéré à ce jour pour l’employeur, était censé apporter des recettes substantielles, mais aussi s’accompagner, en 2026, d’un lissage des exonérations de cotisations entre 1,3 et 1,9 smic. Ainsi, les employeurs seraient incités à faire passer leurs salariés dans ces tranches de rémunération.

La mesure était directement inspirée de l'épais rapport remis en octobre par les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer, à la différence près (et notable) qu’eux proposaient de faire cette évolution à coût constant, tandis que le gouvernement a choisi d’en tirer des recettes supplémentaires, de l’ordre de cinq milliards d’euros en 2025. D’où une fronde unanime, venue notamment de secteurs patronaux comme la propreté, où une part majoritaire de salariés (et surtout de salariées) sont au salaire minimum. Mais venue aussi du «socle commun» sur lequel s’appuie le gouvernement de Michel Barnier, au sein duquel les macronistes notamment s’opposent farouchement à toute hausse du «coût du travail». Résultat, l’article 6 du PLFSS a été rejeté à l'Assemblée nationale par un front unissant LR, les macronistes et le RN, qui n’ont même pas proposé d’aménagement.

Voie médiane

Les sénateurs, eux, ont proposé une voie médiane. Ils ont annulé la hausse des cotisations au niveau du smic, mais en la compensant partiellement par un renforcement de la mesure gouvernementale sur les plus hauts salaires. Ainsi, les exonérations de cotisations maladie (que l’on appelle le «bandeau maladie»), qui s’éteignent actuellement à 2,5 smic, s’éteindraient à 2,1 smic au lieu de 2,2 dans le projet gouvernemental, et celles sur les cotisations familiales (le «bandeau famille») s’éteindraient à 3,1 Smic, au lieu de 3,5 smic selon le droit actuel et 3,2 smic dans le projet gouvernemental.

En 2025, la mesure sénatoriale réduirait de un milliard d’euros le rendement attendu, le ramenant ainsi à quatre milliards d’euros, avance la commission des affaires sociales. Un compromis qui semble convenir au gouvernement, lequel a émis un avis «de sagesse» par la voix de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-BouvetQuelques jours plus tôt, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’était dit prêt à accepter que le rendement de la mesure soit divisé par deux.

Dans la foulée, ce mercredi dans la soirée, les sénateurs ont adopté un autre amendement, lui aussi issu de la commission des affaires sociales et porté par là même Elisabeth Doineau, qui prévoit «une augmentation de sept heures de la durée annuelle de travail, pour un temps plein, des personnes en emploi, dans le secteur privé comme dans les fonctions publiques». Cette hausse non rémunérée du temps de travail, compensée par un doublement de la contribution des employeurs à la branche autonomie (de 0,3 % à 0,6 % de la masse salariale) revient concrètement à doubler la «journée de solidarité» instaurée en 2004, mais sans cibler un jour férié en particulier. Sans surprise, la mesure est rejetée par les syndicats, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, dénonçant dans le Monde «de vieilles recettes, de vieux poncifs qu’on a entendus mille fois, avec l’idée que les entreprises sont à bout et que les efforts doivent toujours retomber sur les salariés».

Le patronat pas enthousiasmé par les sept heures de solidarité

Elle n’est pas non plus franchement soutenue par le patronat. Le Medef se borne à répéter son mantra selon lequel «il faut augmenter la quantité de travail pour financer le modèle social», mais ne se prononce pas davantage, à ce stade, sur les moyens mis sur la table pour y parvenir, fait-il savoir. Plus sévères sont la CPME et l’U2P. Dans l’hypothèse où il s’agirait de revenir sur un jour férié, «la question de l’ouverture des écoles est majeure», estime Eric Chevée, vice-président de la première. Michel Picon, le président de la seconde, ne voit pas de son côté comment la mesure pourrait être appliquée chez les artisans et les commerçants qu’elle représente. Retirer une RTT aux salariés ? «Dans nos entreprises, elles n’existent quasiment pas.» Leur demander de travailler quelques minutes de plus par semaine ? «Il n’y a que ceux qui n’ont jamais bossé dans un magasin ou sur un chantier qui pensent que ça a du sens», ajoute-t-il. Pour lui, à la fin, il ne restera qu’un doublement de la contribution des entreprises à la branche autonomie.

Rien qui ait rebuté les sénateurs centristes et de droite pour autant, puisqu’ils ont adopté la mesure sans hésitation, l’un d’eux, le centriste Michel Canévet, proposant même d’aller jusqu’à dix-huit heures de travail supplémentaires. Le gouvernement avait pourtant émis un avis défavorable, par la voix de Laurent Saint-Martin : «La question du temps de travail n’est pas un tabou et doit être posée. Est-ce que cela doit se passer par un amendement au PLFSS aujourd’hui ? La position du gouvernement est que non. Que cela puisse être travaillé avec les partenaires sociaux, je pense que ça peut être une bonne idée.»

Il reste à voir ce qui restera de ces deux amendements dans le texte finalement promulgué. Ce sera tout l’enjeu de la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, qui sera chargée d’élaborer un texte synthétisant les positions de chaque Chambre. En attendant, pour le moment, l’examen du PLFSS au Sénat ne tourne pas à l’avantage des salariés.

Libération

mercredi 13 novembre 2024

Saint-Gobain devrait afficher une marge d'exploitation record en 2024

Le groupe de matériaux Saint-Gobain a relevé ce mardi sa prévision de marge d'exploitation pour 2024, qui sera « au-dessus de celle de 2023 » et donc « à un nouveau record », même si son activité continue de souffrir du recul de la construction neuve en Europe.

Saint-Gobain n'en finit pas de battre des records. Sa marge d'exploitation devrait atteindre un niveau jamais atteint en 2024, après s'être établie à 10,2% en 2021, 10,4% en 2022 et 11% en 2023.

 « Nous serons au-dessus de cela en 2024 et ce sera donc un nouveau record », a prédit le PDG du groupe Benoit Bazin ce mardi lors de la présentation du chiffre d'affaires du groupe pour le 3e trimestre de l'année.

De juillet à septembre, Saint-Gobain a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 0,1% à 11,57 milliards d'euros, ce qui porte ses ventes sur neuf mois à 35 milliards - un recul de 4,1% par rapport aux neufs premiers mois de 2023.

L'entreprise tricolore a bénéficié d'un effet périmètre après ses acquisitions récentes en Australie (CSR), en Malaisie (Hume), Amérique du nord (Building Products of Canada et Bailey au Canada, ICC aux Etats-Unis) et dans la chimie de la construction (Izomaks en Arabie Saoudite, Menkol Industries en Inde, Technical Finishes en Afrique du sud).

Recul de la construction en Europe

Néanmoins, tous les feux ne sont pas au vert. Saint-Gobain a souffert en début d'année d'un effet de changes négatif et du recul de la construction neuve en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Il souligne néanmoins une « amélioration sensible » de la situation par rapport au premier trimestre. Car, pour rappel, le secteur de la construction neuve en Europe représente 12% du chiffre d'affaires du groupe.

De fait, « comme prévu, le groupe anticipe un repli de certains de ses marchés sur l'ensemble de l'année 2024, avec en Europe un recul de la construction neuve et une résilience de la rénovation, et par ailleurs une bonne tenue des Amériques, de l'Asie-pacifique et des solutions de haute performance », détaille un communiqué.

Pour le PDG de Saint-Gobain, la reprise sera lente en Europe. Avec la baisse des taux engagée en Europe, « la vitesse de redémarrage dépend pas mal de la façon avec laquelle les citoyens se financent », a-t-il estimé.

Et ce, avec des spécificités régionales : « Dans les pays nordiques où on a plus de financement à taux variable, quand les taux baissent, on a une reprise plutôt plus rapide que quand on est sur des taux fixes », a précisé le PDG.

En France, la reprise sera « graduelle », selon Benoit Bazin, « cela va prendre plusieurs trimestres » (...) « ce ne sera pas une reprise en V »« Selon les pays, il y a entre 6 et 12-18 mois de décallage entre la baisse des taux et la reprise de volumes sur le neuf. »


Latribune.fr



mercredi 6 novembre 2024

Asturienne rentre sur le marché du photovoltaïque par le toit

Spécialisée dans la toiture et la couverture, l’enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France renforce le développement de ses activités autour du photovoltaïque, en proposant à ses clients couvreurs une offre complète qui allie produits, services et formations.

Rien de plus naturel pour une entreprise spécialiste de la couverture que de se lancer dans le photovoltaïque. A la recherche de nouveaux leviers de croissance dans le secteur de rénovation énergétique des bâtiments – et face à l’accélération du solaire, notamment au niveau de l’autoconsommation –, c’est le choix qu’a fait la société Asturienne. « Nous devons être acteurs sur ce marché qui explose et qui concerne notre terrain de prédilection, la toiture », affirme à pv magazine France Frédéric Bontemps, son directeur marketing.

Montée en compétences

Pour rentrer sur le marché du photovoltaïque, l’enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France a décidé de passer par ses clients couvreurs, qui constituent son premier relais pour la vente de solutions photovoltaïques auprès des particuliers. « C’est la première fois qu’on s’attaque à un marché où nos clients ne sont pas encore présents et sur lequel les principaux acteurs ne sont pas nos clients actuels ». La première étape consiste à former et accompagner les couvreurs pour les aider à monter en compétence. C’est notre principal enjeu », poursuit Frédéric Bontemps.

Cherchant à diffuser une culture du PV parmi ses clients traditionnels – qui représentent seulement 1 à 2 % du nombre des installateurs photovoltaïques en France –, Asturienne leur propose des formations qualifiantes, telles que QualiPV ou l’habilitation Électrique BP. Depuis début 2024, plus de 200 couvreurs en ont bénéficié, à l’occasion d’une douzaine de sessions organisées dans les agences de l’enseigne. « Dix autres sessions sont programmées d’ici la fin de l’année », précise Frédéric Bontemps. Des formations K2 Systems, leader européen des fixations photovoltaïques sous ETN, sont également proposées à ces professionnels, plus habitués à travailler sous ATEC.

« À côté de la formation des couvreurs, nous avons mis en place des formations pour toutes nos équipes, avec l’écriture de notre propre formation solaire, déjà suivie par 150 de nos collaborateurs, sur les 550 que compte l’entreprise », rajoute Frédéric Bontemps.

Services sur-mesure

En complément, Asturienne propose aux couvreurs toute une gamme de services sur-mesure pour les guider dans leurs projets solaires. Ils incluent un soutien dans les démarches administratives en collaboration avec APEM Energies, ainsi qu’un accompagnement pour l’obtention d’une garantie décennale PV auprès de l’assureur April. Depuis le 21 octobre, un configurateur de dimensionnement et de chiffrage pour une installation est également mis à disposition du réseau. Il évoluera très prochainement pour intégrer un calculateur de retour sur investissement qui pourra être mis à disposition des couvreurs pour leurs clients finaux.

Ciblant son activité sur des installations concernant le résidentiel, voire le petit tertiaire, Asturienne a commencé par proposer avec ses partenaires tuiliers des solutions d’intégration – principal métier des couvreurs –, pour rapidement étendre son offre. « Nous nous sommes rendu compte très rapidement qu’il nous fallait aussi une offre en surimposition, qui représente 95 % du marché du PV en toiture », reconnaît Frédéric Bontemps.

Approvisionné en matériel photovoltaïque (panneaux solaires, onduleurs et systèmes de fixation, systèmes de stockage, etc.) par le distributeur Enecsol, partenaire de l’enseigne, Asturienne compte dans son catalogue près de 200 références disponibles, stockées dans 17 de ses 62 points de vente répartis sur l’ensemble du territoire. L’enseigne travaille également à la création d’une « cellule » solaire comprenant des commerciaux dédiés, afin de pérenniser son développement dans le domaine.

PV magasine



dimanche 27 octobre 2024

Au boulot !

 « C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? » Sur le plateau des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte: « Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député François Ruffin : « Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec 1 300 €. - Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal. » Alors : peut-on réinsérer les riches ?

Une comédie documentaire, avec des rires et des larmes, qui met à l’honneur ceux qui tiennent le pays debout



dimanche 20 octobre 2024

Décarbonation : pourquoi Saint-Gobain fait une razzia sur la chimie de la construction

Le géant français des matériaux a enchaîné quatre méga acquisitions en trois ans pour se muscler dans ce secteur stratégique de la construction bas carbone. Une offensive éclair dans laquelle il a déboursé 5 milliards d’euros. De quoi accélérer la bataille des matériaux du futur.

Saint-Gobain bétonne ses positions dans la chimie de la construction. En trois ans à peine, le géant français des matériaux (47,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) a déboursé près de 5 milliards d’euros dans des acquisitions d’envergure pour se muscler dans ce secteur clé de la décarbonation du bâtiment. Il a encore annoncé, le 15 août dernier, un accord définitif pour mettre la main sur le groupe mexicain Ovniver, un leader des colles à carrelage, enduits de façade et solutions d’étanchéité en Amérique centrale, pour 740 millions d’euros. Une affaire bouclée en moins de trois mois qui signe sa quatrième grosse opération de croissance externe dans ce marché depuis 2021.

Colles, résines, adhésifs, mortiers, adjuvants et additifs pour béton et ciment… La chimie de la construction consiste à concevoir des produits à base de formulations complexes qui améliorent les performances techniques des matériaux (résistance, isolation, étanchéité, légèreté, etc.), tout en les rendant plus écologiques. « Par exemple, les adjuvants modifient les caractéristiques du béton. Ils permettent d’utiliser des ciments moins polluants, et ainsi de réduire drastiquement l’empreinte carbone du premier matériau de construction utilisé dans le monde », explique Thierry Bernard, directeur général Chimie de la construction de Saint-Gobain. Celui-ci dirigeait Chryso lorsque cette pépite française de la chimie du béton a été racheté par le groupe, il y a trois ans, pour 1.02 milliard d'euros. 

Un « grand chelem »

Ce fut la première grande offensive de Saint-Gobain dans la chimie de la construction. Dans la foulée, il a avalé l'américain GCP Applied Technologies (2 milliards d'euros) en 2022, et enfin le britannique Fosroc (1 milliard), le 27 juin dernier. Sans compter les rachats menés en parallèle d’une trentaine d’autres petites cibles… Pas étonnant que Benoît Bazin, le PDG du groupe, se soit récemment réjoui devant la presse d’avoir réalisé un « grand chelem ». A l’arrivée, lorsque les acquisitions de Fosroc et Ovniver seront finalisées d’ici à début 2025, cette branche pèsera 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit deux fois plus qu’il y a trois ans.

Cette percée fulgurante coche toutes les cases du plan stratégique « Grow and Impact » que Benoît Bazin a lancé en prenant les manettes de Saint-Gobain à l'été 2021. L’objectif ? Doper sa croissance et sa rentabilité grâce à un recentrage des activités sur les marchés prometteurs de la construction durable. Saint-Gobain n’a de cesse, depuis, de faire le grand ménage de son portefeuille de produits, à coups de cessions d’activités moins en phase avec cette stratégie et d’acquisitions de cibles plus porteuses, et d’avancer ses pions dans lez zones géographiques les plus dynamiques (Amérique du Nord, Asie et pays émergents).

Et c’est peu de dire que la chimie de la construction a du potentiel : le marché est aujourd’hui estimé à 100 milliards d’euros à l’échelle mondiale. Ses métiers couvrent tous les étages d’un bâtiment, des fondations à la toiture, en passant par les sols et façades, mais s’appliquent aussi aux travaux plus techniques d’infrastructures, comme les ponts. « Ce secteur affiche une croissance supérieure aux sous-jacents de la construction avec l’accélération de la transition écologique dans les pays matures, comme dans les pays émergents où les forts besoins d’urbanisation favorisent des modes constructifs plus efficients que les méthodes traditionnelles », souligne Thierry Bernard.

Martingale du BTP

Responsable de 37 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l'ONU, le bâtiment n’a, de toute façon, pas vraiment le choix que de verdir ses chantiers. « Outre les réglementations bas carbone mises en place par les Etats, les acteurs de la construction sont aussi sous la pression d’investisseurs de plus en plus regardants sur la part de leurs activités compatibles avec les enjeux environnementaux, relève Sandra Bertholom, associée spécialiste du secteur chez Kea. On ne peut plus produire le bâtiment aujourd’hui comme on le faisait hier. » Et face à la crise de la construction neuve en Europe, la décarbonation est un peu la martingale pour le secteur en quête de relais de croissance.

Toute la chaîne du BTP cherche la formule magique pour alléger son bilan carbone. A l’instar de Bouygues Construction qui, sur ses chantiers, utilise du béton bas carbone, de l’acier recyclé ou des matériaux biosourcés (bois, paille, terre crue…). « Pour chaque projet, il faut analyser le coût et l’impact climatique de chaque solution par rapport à ses alternatives, estime Edward Woods, directeur R&D et Innovation du groupe. Cela bouge beaucoup du côté des matériaux. Chaque matin, il y a une nouvelle solution ! » Selon Karim Hatem, associé du groupe Kea, « les fabricants de matériaux, groupes d’ingénierie ou constructeurs s’observent tous, car ils savent que seuls certains vont remporter la mise sur le marché des nouvelles solutions bas carbone ».

Consolidation à marche forcée

Grâce à ses assauts dans la chimie, Saint-Gobain occupe le terrain dès l’amont de la chaîne de valeur. Il talonne désormais le numéro un mondial du secteur, le suisse Sika qui pèse pour 11,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une belle revanche pour le fleuron tricolore qui n’a pas oublié sa tentative ratée de rachat de son concurrent helvète en 2014. Mais la bataille est loin d’être gagnée. Sika multiplie, lui aussi, les rachats pour grandir et tenir son rang. Comme l’an dernier, celui de MBCC Group (5,8 milliards d’euros), la plus grosse opération de son histoire.

Cette consolidation à marche forcée a fini par attirer l’œil des autorités de la concurrence. Des enquêtes sur de possibles ententes sur les prix et abus de position dominante dans la chimie du béton ont été ouvertes en Europe, au Royaume-Uni et en Turquie fin 2023, visant plusieurs entreprises, dont Saint-Gobain et Sika. De là à calmer la boulimie des géants de la construction ? Rien n’est moins sûr. « Le secteur est encore très éclaté. Ensemble, les dix premiers acteurs ne pèsent pas plus de 30 % du marché mondial », selon Thierry Bernard. En clair, il reste des places à conquérir dans les matériaux du futur.

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